Les 19,20 et 21 octobre, plus de 120 volontaires se sont rassemblés pour un grand événement à Toulouse à l’instigation du Groupe Airbus et de My Human Kit : le Fabrikarium.
Le Fabrikarium, c’est un grand sprint de prototypage visant à inventer, améliorer, fabriquer, documenter des aides techniques au handicap et à verser les plans, codes, et modes d’emplois de re-fabrication à toutes les personnes et lieux concernés.
Cette opération est née d’échanges tissés par Nicolas Huchet avec les personnes chargées du handicap chez Airbus à la fin de l’an dernier (Annick et Laurence se reconnaîtront). Dans la foulée, et en recherche de partenaires, notre association a aussi rencontré d’autres acteurs industriels, dont certains très motivés pour impliquer leurs salariés dans la dynamique du FAIRE, et prêts à les mobiliser dans un espace-temps expérimental pour accélérer la propagation de solutions open-source adressant le handicap.
C’est ainsi, au fil des échanges, que le projet Fabrikarium a pris forme au mois de juin 2016. Ce ne fut pas une promenade de santé pour ses organisateurs. D’un côté, des entreprises comptant des milliers de salariés, leurs règles internes, cultures d’entreprises, exigences de méthodes et outillage de pointe. De l’autre, une micro-association (nous) épaulée par sa communauté, mosaïque improbable de volontaires répartis dans de nombreux pays, de tous âges, compétences et horizons.
Le dimensionnement choisi était déjà un tantinet ambitieux : 9 projets à construire et documenter en trois jours, pour plus de 120 participants répartis en 13 équipes, dont une cinquantaine recrutés par Airbus Group via son intranet dès le mois de juillet, mais également d’autres issus de Saint-Gobain, Cap Gemini, Sogeti, Thales, Safran, BNP Paribas, et des élèves du Lycée Airbus. Au delà du défi organisationnel et managérial, My Human Kit devait tirer les leçons du hackathon précédent,et notamment assurer certaines conditions :
- Mélanger des volontaires motivés de tous âges, handicapés ou non, dans une dynamique de collaboration (condition 1)
dans
- Un espace devenant un fablab et outillé pour Faire (condition 2)
où l’on va
- Construire ce que l’on espère (condition 3)
et surtout
- Partager les résultats grâce à une documentation et des modes d’emplois en licence ouverte. (condition 4)
Pour la documentation nous avons donc contacté ceux qui nous semblaient les meilleurs pour faire un exploit dans l’exploit. C’est à dire recruter dans toute la France une équipe de documentaristes capables de photographier, interviewer, détailler chaque projet et archiver chaque fichier pour permettre la re-fabrication des prototypes, le tout dans un support diffusé en licence libre (CC-By-SA).
Floss Manuals, connu pour ses book sprints, et dont nous estimons beaucoup le travail et l’équipe a rassemblé pour le Fabrikarium une douzaine de personnes expérimentées souvent membres historiques de collectifs libristes, aux antipodes du monde industriel.
A notre connaissance il s’agit là d’une des plus grosses et des meilleures équipes de documentation jamais mobilisée sur un hackathon en France.
Le chemin de la construction de l’événement a été semé d’embûches, mais ses méandres partagés ont tissé des liens forts entre l’équipe d’Airbus (Laurence, Véronique, Gael, Yoann) et celle de My Human Kit, avec l’apprentissage de sigles et de processus inconnus de part et d’autre. Le lycée Airbus de Toulouse a ouvert ses portes pour accueillir l’événement, My Human Kit a accéléré ses investissements et transporté là bas une soixantaine de personnes venues de France et d’Europe (pour en rejoindre 60 autres !) mais aussi un fablab entier dans la soute d’un car…
Au jour J, le 18 octobre 2016, les volontaires prototypeurs ont convergé dans deux étages de prototypage, et des espaces complémentaires, tous flêchés, avec un agenda bordé au millimètre de la première à la dernière minute.
Alors ? Les professionnels des entreprises allaient-ils supporter l’inévitable manque de moyens techniques inhérent à l’inconnu (on ne peut pas voir à l’avance du matériel pour ce que l’on ne sait pas encore qu’on va inventer) ? Les retraités, artistes, designers, orthoprothésistes, hackers, amateurs de notre communauté allaient-ils s’entendre avec des personnes n’ayant jamais connu d’espace de prototypage rapide de ce type ? Les personnes handicapées intégrées dans le hackathon allaient-elles y trouver un rôle pivot, actif, dans les équipes ? Et entre les équipes, peut-on éviter la compétition pour que tout le monde collabore à un projet plus grand que la somme des projets ?
Et bien oui. Et cela probablement grâce à un certain nombre de facteurs rassemblés autour de ce fameux Fabrikarium. Une logistique certes complexe mais menée de main de maître (Gael, Delphine, Yohann), des participants incroyables, tous volontaires pour vivre l’aventure, quelle que soit leur origine (on fait des choses étonnantes quand on fait ce que l’on a choisi de faire et non seulement ce qu’on doit faire), une motivation très forte à tous les niveaux, la confiance dans le catalyseur My Human Kit, et des équipes composées avec soin tant sur le plan des compétences que de la pluralité des profils.
Au final, le Fabrikarium a débouché sur de belles rencontres, mais aussi sur des collaborations qui vont durer et des prototypes fonctionnels. Les documentaristes sont au travail et les projets vont pouvoir être utilisés par tous avant la fin de l’année (si vous ne nous croyez pas regardez la documentation de Braillerap).
Les photographies affluent dans notre boîte mail, les prototypes réalisés vont être exposés dans de nombreux événements, et le meilleur moyen d’en suivre les suites est simple, comme toujours : suivez-nous sur ce blog, notre compte twitter et notre page facebook !
Le Fabrikarium ouvre un espace entre les mondes, un espace à la fois organisationnel, humain, bac à sable et producteur de valeur pour tous au travers le versement des résultats.
A tous ceux et celles qui ont participé, qui ont prêté du matériel (notamment les ateliers du labfab de Rennes et Bicéphale), partagé ces journées, nous adressons un bravo et des remerciements sincères, mais déjà inutiles : ce que nous avons vécu ensemble, aucun d’entre nous ne l’oubliera !
Pour l’équipe,
Hugues