Autrement dit, d’être impliquées dans la résolution de leur problème afin de fédérer une équipe et utiliser la force combinée de la solidarité (Tous Ensemble), du fait maison (Do It Yourself) et de la fabrication numérique (FabLab).
L’association met en oeuvre différentes actions afin de faire évoluer la perception du handicap et de la technologie : ateliers numériques, hackathons, salons, conférences…
A travers ces initiatives, My Human Kit démontre que la diversité et l’intelligence collective sont essentielles à une société inclusive.
En proposant de faire du handicap une source de créativité collective, MHK invite les porteurs de projets à participer à la création de leur solution. Grâce à la technologie, elle essaye d’offrir aux personnes handicapées, une autre place dans la société.
Le projet associatif de My Human Kit peut se résumer ainsi:
- Révéler, valoriser et partager les capacités des personnes : handicapowerment,
- Fabriquer collectivement des objets qui améliorent la vie des personnes concernées par le handicap,
- Promouvoir notre modèle de transformation sociale à travers le monde.
Nous pensons, qu’il est possible de trouver un modèle économique, compatible avec la réutilisation de plans à usage non-commercial; Tout en croisant utilité sociale, créativité, veille, formation, méthodes participatives et outils modernes
Mais surtout, nous aimons à penser que faire partie de la fabrication de sa propre solution, est une clé de la transformation de sa limitation en motivation. L’Handicapowerment, c’est se mettre en capacité d’agir lorsque l’on est atteint d’un handicap. C’est ce qui nous différencie d’un développement uniquement tourné vers la réussite et la performance technique.
Pour My Human Kit, la dimension humaine et sociale est fondamentale. Notre projet vise à : se mettre en capacité d’agir, apprendre par l’erreur, valoriser le travail manuel et donner du sens au numérique (fabrication numérique).
HISTORIQUE
C'est le nom d'un projet de prothèse de main bionique à fabriquer soi-même. Quand le handicap rencontre la technologie, cela donne parfois des idées originales. Tout a commencé, le jour où une personne amputée vit pour la première fois une imprimante 3D. Elle demanda si il était possible d'imprimer une main.
Appareillé d’une prothèse myoélectrique, Nicolas Huchet découvre la fabrication numérique au Labfab EESAB à Rennes. Une troupe de quelques bénévoles se constitue autour de son projet baptisé Bionicohand. La recette ? Prenez les plans d'une main open source sur internet, ajoutez y 30 heures d'impression 3D + 1 carte électronique programmable + 2 capteurs musculaires bon marché + 8 piles. Agrémentez le tout de visserie, scotch, fil de pêche, élastiques et d'un peu de blanco sur les ongles. Laissez mijoter une centaines d'heures pour le montage. Vous obtenez une main robotique imprimée en 3D contrôlée par un amputé. Prix 200 € ! Ce prototype de main bionique "Do It Yourself" à trois francs six sous (200 € contre 20.000 sur le marché) est réalisé par des "apprentis makers" et présenté pour la première fois à Rennes lors de “Tu Imagines ? Construits !”. Repéré à cette occasion par la scène européenne des makers, l'équipe est invitée à la Maker Faire Rome, un rassemblement de génies et bidouilleurs en tout genre. Le projet prend une envergure internationale et reçoit plusieurs distinctions. Nicolas, sans réel emploi, en quête de voyage et de sens est ravi de cette nouvelle vie de troubadour numérique dans laquelle, il assemble technologie, partage et utilité sociale. Le succès grandissant, il a parfois du mal à accepter cette nouvelle image que les médias mettent en avant : l'histoire d'un handicapé "héros" s'étant fabriqué sa propre prothèse en 3D, tout en oubliant l'intelligence collective. Cela dit, il développe de nouvelles compétences techniques et sociales, trouve confiance et ne subit plus son handicap : il l'explore !! Certes, si le défi technologique est mis au premier plan, c'est surtout socialement et psychologiquement que les conséquences sont les plus positives."Il faut déposer un brevet, créer une boîte, une startup pour vendre des prothèses 100 fois moins chère !" conseillent de nombreux experts en tout genre. L'idée de vendre un maximum, pour gagner beaucoup, n'anime pas vraiment Nicolas, d'autant que ce prototype sortit d'un garage, est encore loin d'un produit commercialisable. Au commencement, le petit groupe de bénévoles (constitué de bricoleurs mais aussi collègues et voisins), prend l'habitude de se retrouver dans les fablabs Rennais et le vendredi soir, dans le sous sol d'une maison. Ces soirées (parfois arrosées) permettent des temps d'échanges, de bavardages, où la parole libre permet à chacun d'exprimer ses rêves. Un soir de "fin de veillée" au "QG" de Saint-Didier (35), est inventé le concept d'handicapowerment : quand le handicap permet de se mettre en capacité d’agir. Ce, sans se douter que ce terme sera relayé plus tard dans les médias.
Si la vie de Nicolas a changée, c'est également le cas pour les personnes autour de lui qui développent une autre perception du handicap. Tout ce petit monde s'accorde à dire que le handicap peut-être une clé de voute, un moyen de fédérer. Que cette histoire peut se répéter avec d'autres personnes concernées par le handicap et qui seraient elles-mêmes impliquées dans un projet, qui les concerne. Tout le monde à des problèmes mais parfois, en faisant de son problème une solution, on peut y trouver de la motivation. C'est avec cette philosophie qu'est créé une association, dénommé My Human Kit qui désigne le fait de fabriquer MON aide technique au handicap. L’objet de l'association est d'utiliser le handicap comme levier pour fédérer des personnes autour d’un projet technique dans le but d’apprendre, de trouver des alternatives et faire évoluer les mentalités.Késako ? Une reconnaissance par le magazine "MIT Technology Review". Le MIT (Massachusset Institut of Technology) est souvent considéré comme l'une des universités technologiques les plus prestigieuses au monde. Le MIT Technology Review est la revue consacrée aux sciences et à l'innovation. Elle a identifié My Human Kit comme une innovation "sociale", permettant la possibilité d'utiliser la technologie au service de tous. Cette reconnaissance provoque une deuxième vague médiatique et de nouveaux contacts. Notamment la fondation de France, qui repère rapidement MHK, car les deux ont une philosophie commune : la mise en capacité des personnes handicapées.
Une bénévole ayant les compétences requises accepte de répondre aux appels à projet, car MHK participe au concours Google Impact Challenge France (282 candidats, 10 sélectionnés) et en parallèle prépare un dossier de demande de financement à la région Bretagne. Le projet est le suivant : Créer un atelier numérique dédié à la fabrication d'aides techniques aux handicaps. Le résultat est assez vertigineux et ferait rougir un trader, entre janvier et décembre, le compte bancaire de l'association passe de 350€ à ... 350.000 euros ! Avec ses fonds, MHK va pouvoir salarier des personnes, se professionnaliser et ouvrir son fablab ! Handilab? My Human Lab? Fablabhandi ? Pour finir l'année en beauté, on parle de MHK au 28min d'Arte : A Paris, le Musée de l'Homme inaugure sa réouverture et présente parmi les prothèses, le prototype de main bionique présentée par Nicolas aux quatre coins du monde. Une année de voyages, allant de Moscou à San Francisco, en passant par New-York, Bombay, Madrid, Saint Petersbourg...et par Saint Didier (Ille et Vilaine) bien évidemment !Bordeaux, Berlin, Bruxelles, Toulouse, Nantes, c'est le "2016 tour"! L'année de la professionnalisation, du passage de rock-star-troubadour-numérique, au quatuor multi-instrumentistes. Au début, MHK trouve pied à terre, dans les locaux partagés de la MDA à Rennes, une pépinière associative et co-organise (avec MakeMe) son premier hackathon "handicap et numérique", aux Abylimpics de Bordeaux (olympiades des métiers des personnes handicapés).
Grâce à la trésorerie et après trois ans de bénévolat, Nicolas, devient salarié. Il saisi l'opportunité d’effectuer une résidence de 3 mois au Fablab de Berlin, pour y développer des compétences, en fabricant la main bionique open source Hackberry by Exiii. Hugues Aubin, le "monsieur numérique de Rennes" arrive en tant que deuxième salarié, il va faire bénéficier MHK de son réseau et de son expérience en tant que coordinateur du projet. Delphine Bézier et Yohan Véron, sont embauchés à leur tour quelques mois plus tard en tant que fabmanagers. L'équipe se retrouve au festival Makers Campus de Nantes en Juillet en compagnie de ses sympathisants pour présenter ses projets et le fameux Don de Scan. Pour bien commencer cette aventure, en septembre, les quatre membres ont un challenge d'envergure à relever : leur premier Fabrikarium avec l’entreprise Airbus à Toulouse, un hackathon "handicap et numérique" en collaboration avec des salariés de l'entreprise. En tout, 120 personnes, dont 80 Airbusiens participent, pendant 3 jours, à cet évènement de fabrication numérique, dédié à la fabrication d'aides techniques aux handicaps. Ces ateliers abordent différents thèmes : prothèses de main, customisation de prothèse de jambe, aide auditive, et mobilité électrique pour fauteuils roulants. Pour conclure l'année, MHK est invité au parlement européen, à Bruxelles pour présenter ses projets et sa philosophie et sera suivi par une équipe de France 3 Bretagne. Combien de temps ce rythme effréné va t-il durer ?MHK pose ses valises à Rennes, au sein d'Askoria dans le cadre du projet, Le Campus des Solidarités. Cette salle d'environ 70m² mise à disposition, est baptisée Humanlab. Alors c'est quoi un Humanlab ? C'est un fablab, laboratoire de fabrication numérique, dédié et à disposition, de celles et ceux ayant besoin d'un atelier pour construire/réaliser/adapter, des solutions techniques en lien avec le handicap. Les usagers sont variés : bricoleurs, makers, hackers, personnes en situation de handicap, travailleurs sociaux, thérapeutes, artistes, étudiants, demandeurs d'emplois, retraités, photographes, littéraires, philosophes, ingénieurs... Ces Mac Gyvers du handicap ont à leur disposition de l'outillage : imprimantes 3D, découpeuse laser, outillages, électroniques, couture, mécanique, bois, récupération... Dans ce lieu où l'on réfléchit, cherche, se trompe, recommence et apprend, on atteste que le handicap est fédérateur et que "la contrainte sollicite l'imagination". Tous les jeudis après midi ont lieu les Openlabs, portes ouvertes sans rendez-vous, pendant lesquels sont fabriqués des gadgets (aides techniques) en lien avec le handicap ou maladies invalidantes : malvoyance, surdité, cécité, mobilité, amputation, agénésie, tétraplégie, autisme, hémiplégie, paraplégie, sclérose en plaque, maladie de charcot... Le Humanlab est plus qu'un atelier, c'est un lieu d'apprentissage où l'erreur et le travail manuel sont valorisés et un lieu d'échanges où se rencontrent des personnes qui ne se verraient pas dans la "vraie vie".
Le réseau de partenaire s'agrandit, My Human Kit est financé par La Fondation la France s’Engage pour son innovation sociale ainsi que par l’AGEFIPH qui confie l’organisation d’initiations gratuites aux outils de fabrication numérique pour des BOETH (bénéficiaires dans l'obligation d'emploi travailleurs handicapés).Beaucoup de projets, de demandes, tellement que cela peut engendrer la frustration de ne pouvoir répondre positivement à toutes les sollicitations, sans compter celles impossibles à honorer car trop complexes. Une plateforme de documentation : Wikilab, est créée pour partager le fruit des travaux réalisés et permettre à tout à chacun, l'accessibilité aux plans de fabrication. Sur ce Wikilab on retrouve entre autres, le guide chèque pour aveugle, l'appuie-tête rotatif électrique de Mathilde, le contacteur faible pression dessiné par Jonathan, le chauffe main de Nicolas, l'arceau de voyage de Sarah, le fauteuil roulant motorisé de Guillaume, des commandes adaptées pour jouer aux jeux vidéos, un porte gobelet, une application téléphonique développées pour et avec des autistes, un logiciel de programmation adapté pour aveugles ou malvoyants.... Autant de défis à relever, que de diversité dans les handicaps. Premier constat, après un an d'ouverture du Humanlab : le nombre grandissant de sollicitations prouve l'importance de l’existence de lieux où le handicap est un perçu comme champ exploratoire plutôt qu'un problème de société. De plus en plus de bénévoles, valides ou porteurs de projets s’impliquent dans la vie du Humanlab, par conséquent, Wikilab devient une ressource importante de documentation d’aides techniques aux handicaps.
En 2018, l'équipe s'agrandit grâce aux nouveaux financements qui permettent le recrutement de Julien Lebunetel, ingénieur, qui, grâce à ses compétences en fabrication numérique permet de répondre aux demandes de projets. Il apporte sa touche : le Humanlab s'équipe d'imprimantes plus robuste et est réaménagé. 2018 est également l'année d'un évènement Franco-Indien, le S.T.E.A.M Fabrikarium, coorganisé en Inde à Bombay dans le cadre de “Bonjour India 2017-2018”. Soutenue par le service technologique de l'ambassade de France à Bombay et l'Institut Français en Inde, cette collaboration internationale n'est peut-être pas la dernière. Ce Fabrikarium rassemble 65 participants et 20 mentors autour de personnes en situation de handicap. En France, MHK est Lauréat du prix public du CCAH (Comité national Coordination Action Handicap), ainsi débute un partenariat avec le groupe IRCEM. En fin d'année, pour la SEEPH (Semaine Européenne d'Emplois des Personnes Handicapées) est organisé "Tous Différents, Tous Talentueux", évènement regroupant étudiants de l'EPNAK CRP Jean Janvier et la communauté de My Human Kit.En janvier, Lucie Le Guen, artiste en design et numérique est recrutée. Elle intervient dans des collèges, dans le cadre d’un projet pilote à l’initiative du Département d’Ille-et-Vilaine. Ce projet vise à sensibiliser la jeunesse, via la mise en place d’ateliers numériques partagés entre collégiens et jeunes en situation de handicap. Quelques mois plus tard, Hugues Aubin retourne travailler à Rennes Métropole et a comme successeur Charlie Dréano, accompagnateur expert en innovation sociale, recruté en tant que directeur. Une de ces premières missions : recruter un/une chargée de partenariat. L'heureuse élue sera Pauline Théophane, anciennement chargée de projet européen à Bordeaux.
Nicolas se rend au Japon invité par l’ambassade de France à Tokyo pour un débat d’idées sur ”l’homme réparé Vs l’homme augmenté”. Il rencontre enfin les créateurs de la main Hackberry, ainsi que la scène makers et handicap et repart avec l'envie de revenir pour un Fabrikarium. L’accessibilité aux jeux vidéos devient un sujet prioritaire, grâce aux porteurs de projets comme Jonathan. Des manettes adaptées sont présentées au festival Stunfest à Rennes et sur l’espace “Jouez comme vous êtes” lors de la Paris Games Week. En fin d'année, a lieu un Fabrikarium co-organisé avec l'entreprise ArianeGroup, maître d’œuvre des lanceurs européens d'Ariane 5 et Ariane 6... Rien que ça! Ils nous reçoivent sur leur site aux Mureaux.L'année commence avec le Fokus Mobilité, un événement dédié spécifiquement à la fabrication de roues motorisées pour fauteuils roulants manuels avec comme d'utilisant des matériaux de seconde vie comme des moteurs et batteries de vélos électriques. Julien termine son contrat pour continuer vers d'autres horizons. Et puis .... c'est le confinement : Tout le monde à la maison ! Le Humanlab est fermé 🙁 On s'organise comme on peut pour rester en contact, virtuel bien sur. Delphine anime des ateliers distanciels le jeudi sur Discord (un réseau social) et permet de garder le lien avec la communauté. Yohann quant à lui, se rend chez certains porteurs de projets dont l'aide technique, indispensable à son autonomie, est tombée en panne. Un salarié d'ArianeGroup accompagne Nicolas sous forme de mécénat de compétence dans la rédaction d'un cahier des charges pour la prothèse de main. Cette pause générale est la première depuis 2013. Elle permet, peut-être, de digérer toutes les aventures passées. Hasard ou coïncidence bienfaitrice ? En juin, France 2 diffuse le reportage l'Homme Bionique dans le 13H15, présenté par Laurent Delahousse, Oui madame !! Réalisé par Bertrand Basset, ce documentaire retrace le parcours de Nicolas et le projet My Human Kit. Durant l'été, les bénévoles ayant accès au LaboCesson adaptent les éléments d'un hoverboard sur un fauteuil roulant. A la rentrée, la vidéo fera plus de 100 000 vues ! La projection du documentaire Defiant Lives est organisé dans les locaux d'Askoria. Ce film parle de l’histoire de la lutte des personnes handicapées pour leur émancipation dans les dernières décennies et permet aux spectateurs de découvrir militantisme et handicap. L'entreprise ArianeGroup devient partenaire financier et mécène de l'association. En octobre a lieu le second Fabrikarium My Human Kit et ArianeGroup. 3 jours de savoir-faire durant lesquels des salariés d’ArianeGroup et makers de l’association My Human Kit se réunissent à Rennes, autour de porteurs de projets en situation de handicap pour réfléchir, fabriquer et documenter des aides techniques individualisées.