Une histoire vieille de 8 ans

Le dessin 3D et la bricole, Gaëtan Parisot, 25 ans, étudiant en Master 1 Mécanique à l’université de Rennes 1 et stagiaire à My Human Kit depuis avril 2018, ça le connaît. C’est au lycée qu’il a commencé à s’intéresser sérieusement à la modélisation 3D puis au domaine de la santé à travers un bac S spécialité Sciences de l’Ingénieur, par curiosité mais aussi parce que son petit frère possède lui-même une prothèse auditive. Il a ensuite suffi que ce prof de mécanique lui montre en classe de 1ère les différents composants d’une prothèse fémorale pour que notre jeune lycéen plonge définitivement dans le monde intriguant de la fabrication de prothèses.

Si son parcours dans les études supérieures n’a pas été linéaire (DUT en Sciences et Génie des Matériaux, école d’ingénieur puis réorientation en Master à Rennes 1), il a toujours gardé l’envie de travailler dans ces domaines, notamment la recherche. Cela s’est d’autant plus confirmé après un stage effectué à l’APHP où il devait réaliser des aides techniques pour des enfants en situation de handicap.

C’est (presque) pas sorcier !

My Human Kit, MHK pour les intimes, Gäetan en a d’abord entendu parler grâce aux réseaux sociaux. Leur rencontre s’est faite en octobre 2017 au Salon des Expérimentations et des Innovations Solidaires à Rennes, alors qu’il cherchait à s’investir dans une association en tant que bénévole pour mettre à profit ses compétences en modélisation et impression 3D. Il a croisé le chemin de Hugues Aubin et Nicolas Huchet, membres pionniers de MHK, à qui il a présenté les différentes aides techniques réalisées lors de sa formation. Bingo, ça a matché ! Seule ombre au tableau, Gaëtan pouvait uniquement se rendre disponible jusqu’en avril, mois à partir duquel il devait commencer un stage obligatoire de 8 semaines minimum dans le cadre de ses études… Pas besoin d’en dire plus, Nico a tout de suite rebondi en lui proposant de le prendre comme stagiaire afin qu’il travaille sur l’emboîture de sa prothèse myoélectrique, c’est à dire la coque venant s’adapter à la morphologie de son moignon.

C’est ainsi que Gaëtan s’est retrouvé assis sur cette table de picnic en dehors du Humanlab, en cette chaude journée de juillet, à me parler des accomplissements de ces trois derniers mois. Car ils en ont fait des choses ! A commencer par une veille technologique sur les scanners 3D, machine que l’association ne possède pas mais qu’elle va acquérir grâce à soutient financier de 5000 euros de la part de la mutuelle de santé et prévoyance  Harmonie Mutuelle.

Venait ensuite la réalisation d’une première emboîture simple et sans composant électronique adaptée au manchon en silicone de Nicolas, à laquelle un poignet réalisé par des étudiants de l’INSA pourra être ajouté, tout comme d’autres aides techniques (et oui, même un coupe-pizza). Face aux résultats probants de ce premier prototype, Gaëtan continue de travailler sur une emboîture, cette fois myoélectrique, avec des composants, à laquelle il doit ajouter une batterie et un autre poignet dans le but de faire fonctionner une main électronique. Dans un dernier temps, le fruit de son travail sera documenté et diffusé en open-source afin que n’importe qui le désirant puisse réaliser sa propre aide technique grâce à ses recherches.

Mais comment a-t-il procédé ? Tout d’abord, avant de proposer une démarche, Gaëtan s’est inspiré de la documentation faite par le fablab de Berlin sur la prothèse imprimée en 3D de Nicolas. Il a ensuite suivi 6 étapes pour réaliser l’emboîture simple : établir un cahier des charges (autrement dit, que souhaitait Nicolas ?), scanner en 3D le moignon, intégrer ce scan dans un logiciel de modélisation (Autodex Fusion 360) afin de réaliser l’emboîture en 3D, puis exporter le fichier stl résultant de cette opération dans un logiciel de tranchage (Cura) qui le convertit en gcode, c’est à dire le format que lisent les imprimantes 3D, avant d’imprimer. Viennent ensuite la partie ajustement de l’emboîture et sa mise en pratique par la réalisation de tâches du quotidien.

Modélisation 3D de l’emboîture

Ainsi, les quatre missions que Nicolas et Gaëtan s’étaient donnés ont presque toutes été remplies, et lorsque je lui demande s’il pense avoir le temps de terminer l’emboîture myoélectrique, toujours en cours de finition, ce dernier hoche la tête en souriant.

De son expérience à MHK, il en gardera un très bon souvenir. L’opportunité de mettre en application ses compétences concrètement et de façon utile en répondant à des besoins, mais aussi la rencontre avec une équipe de bénévoles et salariés hétéroclite qui lui a apporté autant humainement que techniquement. Juste avant la fin de son quatrième et dernier mois de stage, Gaëtan terminera d’ailleurs en apothéose en filant avec toute l’équipe de salariés et une partie des bénévoles de MHK vers l’étape solidarité de FAB14, la rencontre mondiale des fablabs, à Auray, puis à Toulouse pour la clôture de l’événement !

Cosette Mortier