« De l’homme réparé à l’homme augmenté ? » C’est pour ce débat du 29 juin dernier à l’université de Tokyo que j’ai été invité par le service technologique de l’ambassade de France. En tant que responsable du développement de My Human Kit, mais également comme utilisateur des prothèses d’avant-bras, quelles soient, higt-tech ou DIY.

Ce voyage présente également l’opportunité de rencontrer les acteurs du projet Hackberry (main bionique open source imprimée en 3D) et de l’association Mission Arm Japan.

main Hackberry

Il me tarde de découvrir ce qu’il va se passer pendant ces dix jours au pays du soleil levant (à 4h du matin) !

Quartier Shinbashi: la ville et son effervescence

Temple de Nezu Jinja au nord de Tokyo

Vais-je trouver des fablabs ? Comment le handicap est-il perçu au Japon ? L’handicapowerment, c’est du chinois pour eux ?

Affiche dans le métro

Tout commence le mardi 18 juin avec une présentation de My Human Kit auprès des élèves du LFI, le lycée français international. Le LFI est une école française à l’étranger, allant de la maternelle au lycée et qui accueille environ 1500 élèves par an. L’enseignement y est en français ou plutôt, à la baguette :-).

LFI: Lycée Français International

Cette présentation, d’une heure et demie, auprès de classes de 4e et de 3e s’est concentrée sur l’histoire et la philosophie de My Human Kit. C’est l’occasion de pouvoir vulgariser la fabrication numérique pour les aides techniques au handicap et de sensibiliser les jeunes à leur futur métier. Dans la perspective de pouvoir travailler ensemble, nous échangeons nos contacts avec les jeunes et les professeurs de technologie.

Trop stylé…

Le lendemain, j’arrive à 13H au DMM.Akiba, un bâtiment sur plusieurs étages situé en plein cœur de Tokyo, près de la station de métro Akihabara. On y propose des ateliers de fabrication, des bureaux et un espace de co-working pour indépendants et inventeurs ayant besoin de machines pour développer leurs projets.

 

J’ai rendez-vous avec Genta Kondo, cofondateur de la start-up japonaise Exiii qui a créé une main bionique imprimable en 2013. Genta a quitté l’entreprise, mais est toujours en charge du développement du projet Hackberry au sein de Mission Arm Japan, une association regroupant des personnes handicapées du membre supérieur (agénésie, amputation, paralysie).

C’est un moment important, je connais ce projet depuis 2013, et nous avons en France, fabriqué et adapté la main qu’ils ont développé (du fait qu’elle soit open source)

Genta me raconte son parcours, de la création de la main (qui s’appelait au début Handy) jusqu’à la rencontre avec Mission Arm Japon, puis à18H, les bénévoles de MAJ (Mission Arm Japan) se retrouve, ce rendez-vous est hebdomadaire. Pour plus d’informations à ce sujet, toute l’histoire est ici

Samedi 22 juin, de 15 à 18h a lieu le rendez-vous mensuel de MAJ, une trentaine de personnes de Tokyo et des alentours se retrouvent. Certains viennent de loin (4H de route) pour ne pas manquer ce « monthly meeting ». Enfants, adultes, retraités, handicapés, makers, prothésistes, amis et familles partagent leur histoire et leurs combines du quotidien: ouvrir une bouteille ou couper des tomates à une main, s’habiller malgré une amputation bilatérale…Mais aussi partager ses rêves comme celui de faire du vélo.

Nous dînons ensemble dans un restaurant chinois, j’ai envie de tous les prendre dans mes bras. Cette communauté est chaleureuse, on pourrait se faire un hug ! Je n’ai pas du tout ressenti cette distance, ce côté non tactile que l’on attribue aux Japonais.

Le jour suivant, nous partons en train avec Sandrine Maximilien à Kamakura, une petite ville située en bord de mer, à 1H de Tokyo.

Kamakura est la capitale du bouddhisme au Japon, mais ce n’est pas la raison de notre venue. Nous avons rendez-vous avec Youka Watanabe, directrice du fablab Kamakura. Situé dans une maison traditionnelle, le fablab propose des ateliers sur l’apprentissage de la fabrication numérique.

Durant notre rencontre, nous échangeons sur des ateliers en commun, centrés sur la fabrication d’aides techniques au handicap. L’équipe du fablab est enthousiaste à l’idée de travailler sur un projet Franco-Japonais et nous met en contact avec le fablab Shinagawa à Tokyo qui planche sur des aides techniques aux handicaps via le groupe fab care Japan.

Jeudi 27 juin a lieu Tech4Good au Miraikan. Le Président Macron est de passage au Japon pour le G20, c’est la fête dans les rues de Tokyo.

Le thème est « Innover pour le bien commun ». L’accès au numérique, réduire les inégalités et l’environnement sont les principaux sujets abordés. Si vous connaissez l’ESS (économie sociale et solidaire), le TechForGood en serait l’équivalent en mode “startup social”

Nous visitons ensuite l’AIRC (Artificial Intelligence Research Center) avec la délégation scientifique française (INRIA, CNRS…) conduite par la ministre Frédérique Vidal.

Le lendemain a lieu une rencontre avec les étudiants et membres de Hongo Tech Garage, le fablab de l’université de Tokyo.

C’est le dernier jour de mon périple, le samedi 29 juin qu’a lieu le débat d’idée intitulé : “De l’homme réparé à l’homme augmenté?” à l’université de Tokyo organisé par l’institut Français.

Il est intéressant de participer à ce débat pour replacer le contexte entre l’humain réparé et augmenté. Il est vrai qu’avec l’évolution technologique, repousser les limites, vivre plus longtemps, réparer le corps ou augmenter ses capacités avec des prothèses ultra-révolutionnaires paraissent comme des rêves atteignables.

Certes.

Mais que fait-on pour ceux qui n’ont même pas accès aux prothèses “de base” ? Est-il possible de trouver un équilibre entre le rêve des humains augmenté et la réalité d’aujourd’hui ? Dans le monde, 80% des amputés n’ont pas accès aux prothèses (ou aides techniques au handicap).

Ce qui est intéressant avec MHK, c’est ce lien entre “humain réhabilité et impliqué”

Dans le même cas, si certains rêves de vivre sur mars, d’autres n’auront jamais accès à un logement décent.

Cette première au Japon ne marque que le début d’une nouvelle dynamique.

Cette invitation, nous les devons à Sandrine Maximilien, attachée scientifique à l’ambassade de France à Tokyo depuis un an, auparavant au consulat de Bombay. En 2018, elle avait rendu possible l’organisation du STEAM Fabrikarium au Maker Asylum de Bombay en coopération avec My Human Kit et le Makers Asylum.